Hôtel de l’Arbalète

Localisation :

Tours, 5bis rue de l’Arbalète ; 4 rue de la Rôtisserie

Dates :

v. 1510-1518 - XXe siècle

État du batiment :

Conservé

Hôtel, rue de l’Arbalète, Édouard Gatian de Clérambault, 1908, dessin extrait de Édouard Gatian de Clérambault, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, T. V, 1912, pl. 6.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

L’hôtel de l’Arbalète, situé 5 bis rue de l’Arbalète et 4 rue de la Rôtisserie, dépendait du fief du Trésorier de Saint-Martin¹. Les bâtiments, formant un plan en U, encadrent une cour fermée par une porte cochère du XVIIe siècle. Seule l’aile est et la tourelle datent de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle ; le reste fait place à des bâtiments postérieurs. Dans l’angle nord-est, la tour d’escalier polygonale demi-hors-œuvre dessert au rez-de-chaussée aussi bien le corps de bâtiment nord que l’aile est.

 

Hôtel de l’Arbalète, vue axonométrique prise du sud-ouest, échelle 1/20e, Alain Niquel, dessin, Région Centre-Val de Loire, Inventaire général du patrimoine, IVR24_20073700262A2_2.
Crédits : © Région Centre-Val de Loire, Inventaire général, Alain Nicquet

 

La menuiserie de la porte est sculptée de panneaux renaissants, composés de rinceaux formant des candélabres dans le registre supérieur et de plis de serviette en dessous. L’accès à la vis en pierre ne se fait pas directement par cette porte mais par un couloir placé au nord. Malgré les importantes transformations postérieures que l’édifice a pu subir, cette distribution milite en faveur du fait que les deux ailes aient été liées de longue date. 

 

 

L’aile orientale laissait apparaître un décor renaissant à la vue des passants. Depuis la rue de l’Arbalète, et ce même avec le portail, on pouvait apercevoir une frise placée en hauteur, en retrait de la façade ouest de l’aile. Elle était ornée d’un motif composé de balustres symétriques encadrant des cartouches garnis de rinceaux. Les colonnes minces couronnées de chapiteaux supportaient la frise.

 

 

Le dessin réalisé par Édouard Gatian de Clérambault fait figurer la continuité du répertoire renaissant sur la façade sud. Les angles de la façade des troisième et quatrième niveaux en encorbellement étaient marqués par une colonne s’appuyant sur un Culot mouluré. Sous les appuis des fenêtres, une frise sculptée de rinceaux rappelait celle de la façade ouest. Les façades de cette aile, propriété de l’Union compagnonnique, firent l’objet d’importants travaux de modifications [Hamon-Brun, 1996, p. 29]. Le décor d’origine fut masqué sous un enduit en ciment et un essentage en ardoise. 

 

 

À l’extrémité sud-est du rez-de-chaussée, les pièces, l’une voûtée sur ogives prismatiques et culots sculptés de personnage, l’autre voûtée en berceau, adoptent un style gothique. Au deuxième étage, prend place un petit oratoire voûté d’une Travée d’ogives retombant sur des culots sculptés de choux frisés [Hamon-Brun, 1996, p. 29].  Ainsi, il semble que la première campagne date de la fin du XVe siècle. Une seconde campagne – soit une bonne partie fut reconstruite, soit uniquement le décor fut remis au goût du jour – est intervenue au début du XVIe siècle. Vers 1510, la plupart des hôtels de Tours adoptent le style de la première Renaissance. Sans doute construit vers cette date, l’hôtel Goüin en présente les caractéristiques, notamment les grands rinceaux mal disciplinés que l’on retrouve à l’hôtel de l’Arbalète. L’année 1518 marque un tournant dans l’architecture renaissante tourangelle avec la construction de la galerie de l’hôtel de Beaune, où apparaît l’usage de pilastres ornés de losanges que l’on ne rencontre guère ici [Toulier, 1980, p. 106]. Le cloître Saint-Martin est reconstruit partiellement de 1509 à 1518 par Bastien François. Entre les contreforts sommés de pilastres des arcades de la galerie orientale, une ornementation italianisante, formée en autres d’écoinçons occupés par du feuillage et de rinceaux couvrant le bandeau plat, rappelle ceux de l’hôtel de l’Arbalète [Cospérec, 1997, p. 329-330]. On peut se demander si le Trésorier de Saint-Martin a commandité en même temps les travaux de l’hôtel de l’Arbalète [Base POP, IA00071347 ; Hamon-Brun, 1996, p. 29] D’après ces éléments, l’influence de l’hôtel Goüin et du cloître Saint-Martin sur le décor de l’hôtel de l’Arbalète nous permet d’estimer sa construction ou ses remaniements entre 1510 et 1518. 

 


Notes de bas de page

¹ « Inventaire des titres du trésorier de Saint-Martin, AD37 G 149, notaire Bigot du 7 août 1759 » cité par Hamon-Brun ne correspond pas aux archives placées sous la cote actuelle G 149 [Hamon-Brun, 1996, p. 29 et 46].


 

Bibliographie

Base POP, IA00071395 ; PA00098176 ; IA00071395 et IA00071347
Cospérec Annie, « Le cloître de la basilique Saint-Martin de Tours » dans Congrès archéologique de France, n°155, Paris, Société française d’archéologie, 1997, p. 329-333.
Gatian de Clérambault Édouard, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, T. V, 1912.
Hamon-Brun Maud, L’activité artistique à Tours, 1495-1515, Mémoire de maîtrise : Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, Tours, [1996].
Pérée Marie-Françoise, L’hôtel de Beaune et les hôtels de la seconde moitié du XVe siècle et du XVIe siècle à Tours, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].
Toulier Bernard, « Les hôtels », dans Toulier Bernard (commissaire), L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Mémoire de la Société archéologique de Touraine, série 4°, T. 10, 1980, p. 81-94.


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